Awall in Montmartre full of "I love you" in 250 different languages. I tried to capture at least those I recognise. Eine Wand in
ï»ż1 Une fois que vous ĂȘtes un ami avec eux, vous ĂȘtes un ami pour la vie. Les Français nâont pas froid exactement. Ils sont trĂšs sympathiques (sauf peut-ĂȘtre les parisiens, mais ils sont pour un autre blog). Ils ont juste besoin d'Ă©chauffement. Mais une
Ohoh oh. Les enfants du désordre ne savent que se défendre. La société les juge avant de les entendre. Oh oh oh oh. Tais-toi et bouffe. [Grand corps malade] Il regarde son navire s'enfoncer dans l'impasse. Aucun projet en vue, et les questions qui s'entassent. Il regarde la vie des autres pour oublier ses drames.
Retrouvezles avis, critiques et commentaires des joueurs sur le jeu Le Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre sur PC et venez aussi donner votre opinion sur Le Donjon de Naheulbeuk : L
Ordreet dĂ©sordre, ce couple de mots, de contraires si lâon veut, ne cesse de produire de la limite dans lâĆil comme dans la cervelle. Et donc par consĂ©quence directe, dans le cĆur. Exactement comme « bien et mal », « dormir et rĂȘver ». Encore que ce dernier couple de mots demande une prĂ©cision, car vivre câest rĂȘver.
Lordre, câest quelque chose qui a un fonctionnement bien Ă©tabli, et qui implique que chaque chose ait une place, dĂ©terminĂ©e par un individu intelligent. On peut donc supposer que, si sur une Ă©tagĂšre des livres ne sont pas rangĂ©s par ordre alphabĂ©tique mais par ordre de prĂ©fĂ©rence de leur possesseur, lesdits livres ne sont pas en dĂ©sordre, mais rangĂ©s
EnrĂ©sumĂ©. VoilĂ , nous vous avons prĂ©sentĂ© les 4 principales raisons du dĂ©sordre permanent Ă la maison : Trop de possessions matĂ©rielles. Vous ĂȘtes dans une phase de transition. Absence de systĂšme dâorganisation simple. Trop dâachats dont vous nâavez pas besoin.
Lesadeptes du dĂ©sordre. Je constate que certaines personnes aiment Ă vivre dans un capharnaĂŒm et sâen trouvent trĂšs bien.. Photo by Ashim DâSilva on Unsplash. Cela ne les empĂȘche pas forcĂ©ment de fonctionner et dâavoir les
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ĐżŃ ŐžÖŐșĐ” ÎčŃŃÎżá©ÎčŃОб а Оհа áŒ. Cw2s10W. Mardi 21 septembre 2021 Le bonheur exquis du Ciel Le Ciel est plein dâamour, câest ce qui fait le bonheur de tous Mes saints. Ils sont pleinement heureux, toujours accueillants et remplis du bonheur cĂ©leste. Tel est le bonheur que Je suis venu apporter au monde en le sauvant de lâemprise du mauvais, de celui qui dĂ©teste Mes enfants et qui Me dĂ©teste aussi. Si vous saviez, Mes enfants, combien Je vous aime ! Si vous saviez ! Vous vous plieriez en quatre, en six, en vingt pour Me contenter, suivant Mes prĂ©ceptes et Me donnant votre amour et votre fidĂ©litĂ©. Il est si Ă©trange que tant dâhommes et de femmes choisissent le mauvais camp, comme si ce mauvais camp leur Ă©tait plus avantageux. Lâassouvissement corporel en est le motif pour beaucoup et puis vient lâamour de lâargent, de lâambition personnelle, de la gloire humaine ĂȘtre au-dessus de son voisin, de ses semblables, quelle illusion Ă©phĂ©mĂšre ! Au Ciel, rien nâest ainsi. Il nây a plus que le bonheur dâaimer Dieu comme son bien le plus prĂ©cieux, son PĂšre comme lâEtre Ă©minemment chĂ©ri et respectĂ©, aimĂ© profondĂ©ment et duquel on tient tout. Il est au-dessus de tout, Il remplit lâespace de Son ImmensitĂ© mais Il est aussi tout Ă tous, Il est affectueux, riche, gĂ©nĂ©reux et Il comble les vĆux honnĂȘtes de tous Ses saints. Il se fait accessible et personnel avec une telle humilitĂ©, une telle joie et mĂȘme une telle facilitĂ© dâapproche, que les saints sont tous profondĂ©ment joyeux et dĂ©sireux de Lui plaire. Câest la grande famille des bienheureux oĂč tout est joie, dĂ©tente, bonheur, action, mais aussi respect, louange, bienveillance et aussi ⊠humour. Il nây a pas dâennemi, pas de dĂ©sordre, pas dâexcĂšs et surtout jamais de discorde. Lâamour parfait, Ă©veillĂ©, enrichissant et propulsant. Telles sont les qualitĂ©s et les vertus toujours en Ă©veil dans la concorde et la plus totale confiance. La dĂ©ception nâexiste pas, lâembarras non plus, rien ne se perd, tout se gagne. Câest idyllique, câest lâEden au paroxysme de la situation la plus dĂ©sirable, et obtenue. Câest Ă un tel bonheur que Je vous convie, Mes enfants, et Ă plus encore. Plus ? Les mots pour le dire en langue terrestre sont insuffisants car la rĂ©alitĂ© du Ciel dĂ©passe la conception humaine des choses et, dĂšs lors, les mots nâexistent pas pour la rendre. La joie est une Ă©motion humaine et, oui, elle existe dans le Ciel mais elle est divine aussi. Les sentiments de Dieu sont infinis comme Lui, et lâon peut dire mĂȘme quâIl nâa pas de sentiments tellement Il est au-delĂ de cela. Il aime comme Dieu, Il donne comme Dieu, Il a toutes les qualitĂ©s et toutes les vertus comme Dieu, câest-Ă -dire Ă une mesure qui nous dĂ©passe totalement. Il aime comme JĂ©sus-Christ a aimĂ©, câest-Ă -dire totalement, sans se mĂ©nager, sans jamais se retirer en Lui-mĂȘme, mais avec une bontĂ© et une Ă©quitĂ© absolues. Nul homme nâarrive Ă Sa cheville et les plus grands saints, si admirables par leur exemple et leur ressemblance Ă JĂ©sus-Christ, sont restĂ©s humains tandis que Lui est divin. Il y a une dimension infranchissable entre la bontĂ© humaine et la bontĂ© divine. Mais lorsque vous serez au Ciel, vous expĂ©rimenterez cette dimension infinie puisque vous serez fils de Dieu et frĂšre de JĂ©sus-Christ dans lâexacte rĂ©alitĂ© de cette filiation. Il sâensuit que Je veux vous Ă©clairer sur la beautĂ© du Ciel, sa douceur, son exquise finesse et, en mĂȘme temps, son extraordinaire variĂ©tĂ©. Câest vraiment un lieu, surnaturel certes, mais un lieu rĂ©el et absolument extensible. Il nây a pas de pĂ©chĂ©, pas mĂȘme la plus petite imperfection et personne nây Ă©prouve jamais, au grand jamais, le moindre indice dâennui. Tout y est gai, riche, aimable, agrĂ©able, honorable, digne, beau, admirable. Tous les saints ont le cĆur comme dilatĂ© de bonheur divin et Dieu se rĂ©jouit en eux. Tout le monde est actif mais tranquille Ă la fois, dans une trĂšs grande joie de faire ce quâil fait et dâhonorer Dieu, de Le rĂ©vĂ©rer et de Lui plaire. Il y a une telle symbiose entre Lui et les Siens quâun Ă©tranger en serait renversĂ©. Dieu et lâhomme, uni pour toujours et Ă jamais ! Pour un tel avenir, la possession totale de tout ce quâon peut espĂ©rer, mais une possession licite et merveilleuse, que ne feraient les pauvres hommes que nous sommes pour lâacquĂ©rir ! Alors, oui, allons-y, grimpons la montagne, ne traĂźnons pas, faisons les sacrifices nĂ©cessaires pour ne pas nous appesantir et marchons Ă une sainte cadence vers les hauts sommets de lâAmour divin.
Ils ne savaient pas que câĂ©tait impossible, alors ils lâont fait » Mark Twain EvĂ©nement Ă lâinitiative du groupe Sortons de notre bulle » La journĂ©e mondiale de sensibilisation Ă lâautisme est le 2 avril. Dans ce cadre, lâASPH de LiĂšge organise un Ă©vĂ©nement pour les personnes autistes. Lâobjectif est de leur proposer de participer Ă une activitĂ© de leur choix en inclusion, selon leurs centres dâintĂ©rĂȘts. En 2019, 3 personnes ont participĂ© Ă cette activitĂ© Laura, Alain et Thomas. Tous trois ont choisi dâessayer un mĂ©tier. Chacune des activitĂ©s est minutieusement prĂ©parĂ©e. La personne autiste est accompagnĂ©e dâun membre du groupe Sortons de notre bulle » et dâune animatrice ASPH. Avant le jour J, une rencontre est prĂ©vue avec la personne de contact sur place, afin dâapprendre Ă faire connaissance. Laura, rĂ©assortisseuse dâun jour au magasin de lâassociation Assistance Ă lâEnfance » Laura adore ranger et trier ce qui est en dĂ©sordre dans les allĂ©es des magasins. Le 2 avril, elle a travaillĂ© au magasin de seconde main Assistance Ă lâEnfance », Ă LiĂšge. Pendant 1h, elle plie et range les vĂȘtements pour bĂ©bĂ© dans des paniers sur roulettes. Elle travaille dans la salle dans le fond du magasin afin de ne pas ĂȘtre incommodĂ©e » par les bruits. Laura est trĂšs contente de cette expĂ©rience Jâai bien aimĂ© plier et ranger les vĂȘtements. Jâaime bien plier le linge. » Lilliana, membre du groupe Sortons de notre bulle » et maman de Laura, est enchantĂ©e Laura mâa dit au-revoir alors quâil nâĂ©tait pas prĂ©vu que je parte. Jâai donc fait semblant de partir. JâĂ©tais Ă©tonnĂ©e mais heureuse car câest un pas de plus pour elle vers lâautonomie. » Lilliana retient de cette expĂ©rience que Laura est capable » Elle sâest adaptĂ©e Ă un nouveau milieu, avec de nouvelles personnes. Evidemment, cela demande beaucoup de prĂ©paration. Mais elle lâa fait ! » Laura a des difficultĂ©s pour exprimer son ressenti aprĂšs lâactivitĂ©. Mais Lilliana est persuadĂ©e que Laura est fiĂšre de son travail Participer Ă ce genre dâaction est trĂšs valorisant pour une personne autiste. » Nathalie, responsable du magasin, est ravie du travail de Laura Jâai Ă©tĂ© Ă©patĂ©e ! Laura est autonome et rapide. Jâai dâailleurs dĂ» prĂ©voir dâautres vĂȘtements Ă plier. » Au dĂ©part, Nathalie a un peu peur. Peur de ne pas en faire assez ou peur dâen faire de trop. Ses Ă©changes avec Laura et Lilliana avant lâactivitĂ© la rassurent. Finalement, tout se passe Ă merveille ! A refaire, Nathalie recommence avec grand plaisir Laura Ă©tait enthousiaste. Elle est arrivĂ©e avec un grand sourire. Elle a mĂȘme commencĂ© plus tĂŽt alors que, Ă la base, elle tient Ă respecter les horaires. » Nathalie parle parfois avec des clients dont lâenfant est autiste. Elle entend les difficultĂ©s quâils rencontrent au quotidien. Notamment au niveau du manque de place dans les lieux dâaccueil adaptĂ©s. Cela lui donne envie de mieux comprendre lâautisme. Avant, elle imaginait les personnes autistes comme des ĂȘtres fermĂ©s Ă la communication. Aujourdâhui, ça a changĂ© Laura mâa un peu parlĂ©, notamment de musique. Ăa mâa fait plaisir quâelle communique avec moi. » Avec Laura, Nathalie a dĂ©couvert une conception diffĂ©rente de la communication, plus en filigrane mais bien rĂ©elle. Pour la remercier de son travail, Nathalie offre quelques cadeaux Ă Laura, dont une carte avec un petit mot. Laura la mise sur le bureau dans sa chambre. Pour Lilliana, cela signifie que Laura a apprĂ©ciĂ© le geste et quâelle veut garder un souvenir de cette expĂ©rience et de la relation avec Nathalie. Nathalie conclut en nous disant Finalement, tout le monde peut aller Ă la rencontre de lâAutre. En gardant une certaine simplicitĂ© et lâenvie de le rencontrer. Laura peut revenir nous aider quand elle le souhaite. » Alain, caissier dâun jour Ă lâĂ©picerie Le Temps des Cerises » Alain a une idĂ©e claire essayer le mĂ©tier de caissier quelques heures. Le 5 avril matin, vous avez pu lâapercevoir Ă la caisse de lâĂ©picerie Le Temps des Cerises ». Dâabord, Alain dĂ©couvre le magasin le temps dâune matinĂ©e. Pendant ce moment, il apprend â les types de produits qui sont vendus, â comment ces produits sont classĂ©s et encodĂ©s, â comment les enregistrer Ă la caisse. Il rencontre aussi le personnel et visite les lieux. Câest lâoccasion pour les employĂ©s de nouer un premier contact avec Alain, de comprendre sa personnalitĂ©, son fonctionnement, ses envies, ses craintes et ainsi de faire tomber les apprĂ©hensions. Bref, une matinĂ©e de prĂ©paration intĂ©ressante et bien remplie ! Le jour de lâactivitĂ©, Alain est ultra motivĂ© et prĂ©parĂ©. Il a sur lui un rĂ©capitulatif des codes des articles pour la caisse. DĂšs le dĂ©but, nous observons une complicitĂ© et une confiance mutuelle sâinstaurer entre Alain et la personne qui lâaccompagne sur place, AgnĂšs. Alain apprĂ©cie de travailler avec elle. Il est rĂ©ellement question de faire AVEC Alain et non de le faire Ă sa place. AgnĂšs est Ă©tonnĂ©e des capacitĂ©s dâAlain pour mĂ©moriser et calculer. Elle lui laisse dâailleurs des libertĂ©s quand elle voit quâAlain maĂźtrise le sujet Il y a 5 gaufres Ă 1,75⏠», dit AgnĂšs. Alain rĂ©pond alors du tac au tac 8,75âŹ. » AgnĂšs laisse ainsi Alain calculer, tout en Ă©tant prĂ©sente si nĂ©cessaire. Le tĂ©moignage dâAgnĂšs Câest une chouette expĂ©rience. Que du plaisir Ă partager une partie du travail.» MĂȘme si jâavais une lĂ©gĂšre apprĂ©hension avant la premiĂšre rencontre, cela sâest trĂšs vite dissipĂ©. » JâĂ©tais Ă©tonnĂ©e de voir quâAlain allait incroyablement vite et quâil Ă©tait trĂšs efficace. Il apprend trĂšs vite, il sâimplique beaucoup et est trĂšs endurant et posĂ©. » AprĂšs une matinĂ©e bien chargĂ©e, Alain nous Ă©voque le plaisir quâil a Ă apprendre et dĂ©couvrir ce mĂ©tier. Pour lui, le travail lui permet dâavoir cette satisfaction dâĂȘtre utile pour la sociĂ©tĂ© Jâaime bien apprendre comment fonctionne la caisse, les codes, faire les comptes. » Je mâamuse vraiment bien », nous fait remarquer Alain lorsque AgnĂšs lui laisse la possibilitĂ© de calculer lui-mĂȘme les totaux. Jâaime beaucoup me rendre utile, câĂ©tait une trĂšs bonne idĂ©e dâengager des autistes, il faudrait faire ça plus souvent. » Le fait dâĂȘtre accompagnĂ© Ă son rythme lui permet dâĂȘtre Ă lâaise, en confiance, et de fournir un travail de qualitĂ©. Les clients en sont mĂȘmes ravis. Voici quelques commentaires de clients recueillis Ă leur sortie du magasin â Fort sympathique et aimable », â Beau travail dâĂ©quipe », â Une belle initiative que de former quelquâun, ça fait toujours plaisir ». Marie-CĂ©cile est membre du groupe Sortons de notre bulle ». Elle est prĂ©sente sur place Ă©galement. Cette expĂ©rience la conforte dans son idĂ©e Certaines personnes autistes sont aptes Ă travailler. Malheureusement, on ne leur en donne pas assez souvent lâopportunitĂ©. Bien sĂ»r, une adaptation est nĂ©cessaire. Et la bienveillance des personnes autour est primordiale. » Thomas, boulanger dâun jour Ă la boulangerie Un pain câest tout ! » Thomas souhaite apprendre Ă faire du pain et des gĂąteaux. Le 7 avril, Ă 5h du matin, il se rend donc Ă la boulangerie Un pain câest tout ! », Ă LiĂšge. Thomas y fait du pain et des petites pĂątisseries. Mais il aide aussi Ă faire la vaisselle et Ă nettoyer lâatelier. Ensuite, il sert un peu les clients dans la boulangerie. AprĂšs 6h de travail, il est un peu fatiguĂ© mais trĂšs content de lui. Isabelle, membre du groupe Sortons de notre bulle » et maman de Thomas, dĂ©couvre quelque chose Ă propos de son fils Je sais que Thomas peut se concentrer longtemps sur une activitĂ©. Mais je ne pensais pas quâil serait encore aussi dynamique aprĂšs la boulangerie ! » Sur place, elle voit Thomas motivĂ© et Ă©panoui Ce genre dâexpĂ©rience est trĂšs positive pour la confiance en soi. » Isabelle apprĂ©cie Ă©galement la maniĂšre dont Philippe, le boulanger, accompagne Thomas dans son travail Philippe sâadresse directement Ă Thomas. Il veille Ă ce que Thomas ne reste pas inactif. Câest trĂšs positif ! » Pour Philippe, son rĂŽle est de sâassurer que Thomas fait bien son travail Ce qui est fait a Ă©tĂ© bien fait. Je ne suis pas passĂ© derriĂšre. » AprĂšs avoir produit, il faut vendre ! Mais avant, petite pause. Thomas dĂ©guste la soupe de Nejma, quâil apprĂ©cie beaucoup. Câest lâheure de passer dans la boulangerie, avec Nejma cette fois. Thomas se place Ă cĂŽtĂ© de la trancheuse et coupe le pain pour les clients. Câest trĂšs valorisant pour Thomas de se rendre compte que le pain quâil a fait est vendu par la suite. Nejma explique quâĂȘtre derriĂšre le comptoir, câest beaucoup de stress Je voyais Thomas gesticuler et un peu courir. Lors de la rĂ©union de prĂ©paration, nous avons appris que ce comportement peut traduire un stress chez lui. Mais il a trĂšs bien gĂ©rĂ©. » Certains clients lâont mĂȘme encouragĂ© ! Nous terminons avec le tĂ©moignage de Philippe, qui apprĂ©cie Ă©normĂ©ment prendre part Ă ce genre dâaction Câest toujours intĂ©ressant dâaller Ă la rencontre de quelquâun qui ne lit pas le monde comme nous. La boulangerie a dâintĂ©ressant quâelle met tout le monde sur un mĂȘme pied dâĂ©galitĂ©. Comme le dit Albert Jacquard La rencontre avec lâAutre est de lâordre du sacrifice. Il y en a qui voyage beaucoup. Mais moi, en restant ici, je voyage plus loin. »
PrĂ©face au livre Les certitudes irrationnelles de CuĂ©not. PlanĂšte 1967 De mĂ©moire de rose on nâa jamais vu mourir un jardinier FONTENELLE Le savant est un homme qui sait ce que tout le monde ignore et qui ignore ce que tout le monde sait EINSTEIN Platon mâĂ©claira soudain, je compris que lâopinion vraie nâest pas la science ALAIN Un chef-dâĆuvre achevĂ©, cela impose le respect. MĂȘme M. Kossyguine le comprend, qui consacre six minutes de sa vie Ă contempler la Joconde. Il est vrai que Vinci consacra quatre ans de la sienne Ă la peindre. Quatre annĂ©es de mĂ©ditation, pinceau en main, devant un visage de femme quâest-ce donc quâun visage? Mais quâest-ce plutĂŽt quâun homme? LĂ©onard, qui Ă©tait LĂ©onard, a pu scruter le mystĂšre dâun sourire pendant quatre rĂ©volutions solaires. Qui donc est dans le vrai, de lui ou de nous qui regardons sans les voir tous ces sourires vĂ©naux acharnĂ©s Ă nous vendre leur dentifrice? Câest LĂ©onard, bien entendu. Il a mis quatre ans pour peindre la Joconde, mais la nature a travaillĂ© prĂšs de quarante millions de siĂšcles pour inventer Mona Lisa. Si lâon se rappelait sans cesse que tout homme est le rĂ©sultat de quatre milliards dâannĂ©es de recherches du grand laboratoire cosmique, sans doute aurait-on pour lui plus de respect encore que M. Kossyguine pour les peintures du Louvre. Lâhomme est dĂ©valuĂ© parce quâil existe Ă plus de trois milliards dâexemplaires qui ne cessent de se reproduire. Que deviendrait la Joconde multipliĂ©e en autant de copies, toutes authentiques ? Nous nâaurions plus un regard pour elle. Inversement, on ne se met pas sans tremblement Ă la place du mĂ©decin qui tiendrait dans ses mains la vie du dernier homme de la planĂšte. Il me semble pour ma part que si jâĂ©tais ce dernier homme, lâangoisse mâĂ©craserait de manquer au respect de mon ĂȘtre fragile, rĂ©sumĂ© de tant dâaventures et de peines. Eh bien, en fait, tout homme est ce dernier homme et tout mĂ©decin ce mĂ©decin. Câest par une concession pragmatique Ă la faiblesse de notre imagination que les hĂŽpitaux sont organisĂ©s comme des usines Ă fabriquer de la santĂ©. Câest parce quâil faut bien que lâhĂŽpital marche avec des hommes mĂ©diocres comme nous sommes tous, animĂ©s par des sentiments mĂ©diocres et agitant des pensĂ©es mĂ©diocres. Si lâhĂŽpital exigeait dans ses mĂ©canismes une sublime conscience de ce quâil est vraiment, il se mettrait aussitĂŽt en panne et les malades mourraient. Le soin des hommes fonctionne comme la guerre, sur des rĂšgles toutes prosaĂŻques il nâest pas question dâhĂ©roĂŻsme dans les manuels dâinfanterie. Il nâest question que de discipline, de corvĂ©es, de labeurs. Mais de mĂȘme que lâobservance de la discipline militaire exige parfois lâhĂ©roĂŻsme et que le sublime procĂšde alors du mĂ©diocre, de la mĂȘme façon la manipulation routiniĂšre de la misĂšre physique peut, moyennant lâintervention dâun certain truchement, ouvrir sur les dimensions invisibles de lâhomme. Ce truchement, câest la douleur, qui nous restitue infailliblement Ă notre singularitĂ©. On souffre toujours, on meurt toujours seul. Tout se partage, sauf la douleur. LâĂȘtre le plus tendre et le plus aimĂ© ne peut, quand vous souffrez, que se pencher sur vous et se tordre les mains. Tout son amour ne vous soulage de rien. Et parce que câest lĂ un Ă©tat de violence contraire Ă notre condition et la douleur un dĂ©sordre, tout patient est Ă la fois un peu moins et un peu plus quâun homme, un peu moins par la privation quâil endure, un peu plus par tout ce quâil dĂ©couvre en lui-mĂȘme dâinconnu en se dĂ©battant. Lâhomme bien portant est un prisonnier paresseux qui rĂȘve sur sa paillasse, ignorant quâil est en prison. Mais que la prison prenne feu et le paresseux va pour la premiĂšre fois frapper de son front et palper de ses mains le mur enfin dĂ©couvert, Ă la recherche dâune issue. Ce corps qui lâoppresse oblige son Ăąme Ă la rĂ©volte et par un effet dialectique crĂ©e en lui la dualitĂ© que rien jusque-lĂ ne lui permettait de soupçonner. Pourquoi lâĂąme voudrait-elle se dĂ©solidariser dâun corps heureux dâĂȘtre et dâĂȘtre tel quâil est? Câest quand le corps se fait piĂšge que lâon dĂ©couvre lâenvie dây Ă©chapper. Mais comment y Ă©chapper? Si lâenvie suffisait Ă crĂ©er les choses, il y a belle lurette quâon aurait dĂ©couvert les Ăles FortunĂ©es et le pays du PĂšre NoĂ«l. Aussi bien nâest-ce pas lâenvie de la clĂ© qui ouvre la porte mais bien la patience de la fabriquer. Lâhomme qui souffre commence par perdre son contrĂŽle et sâaffoler. Ce nâest pas possible! Cela ne va pas durer! Ce feu qui me brille nâest quâun cauchemar dont je vais mâĂ©veiller! Mais on ne sâĂ©veille pas. Ou plutĂŽt on ne sâĂ©veille pas de la façon que lâon croyait. La douleur ne sâen va pas. Elle est lĂ , toujours Ă©gale Ă elle-mĂȘme. Les bons conseillers vous disent quâon sây habitue ce nâest pas vrai. On sâhabitue Ă tout, sauf Ă souffrir. Mais au-delĂ de la douleur et au-delĂ de soi-mĂȘme, quelque chose dâautre sâĂ©veille qui depuis toujours dormait ou plus probablement nâexistait pas. Câest ici quâen toute rigueur lâexistence prĂ©cĂšde lâessence lâĂȘtre de secours que lâon se dĂ©couvre ne commence seulement Ă exister quâĂ mesure quâon le cherche. Certains meurent sans lâavoir mĂȘme entrevu, convaincus quâils nâĂ©taient rien dâautre que leur intolĂ©rable misĂšre. Qui sait? Peut-ĂȘtre ceux-lĂ meurent-ils entiĂšrement et les autres pas? Et le mĂ©decin est lĂ , toujours prĂ©sent, tĂ©moin professionnel de cet enfantement. Câest dans les hĂŽpitaux plus quâen aucun autre lieu que sâentassent les hommes en proie Ă leur propre diffĂ©rence. Il leur faut cette prison pour dĂ©couvrir parfois que leur domaine Ă©tait plus vaste quâils ne croyaient et quâil ne tenait quâĂ eux de le parcourir. Nulle expĂ©rience ne devient Ă la longue plus familiĂšre au mĂ©decin que celle de voir lâhomme souffrant se transformer sous lâaiguillon qui le tenaille. Lâextraordinaire devient pour lui quotidien. MĂȘme lâaffrontement de la mort, aventure unique sâil en est, intransmissible par dĂ©finition â du moins dans le cadre de nos activitĂ©s dites rationnelles â entre bientĂŽt dans la routine du mĂ©decin. Il sait comment meurt chaque tempĂ©rament, chaque Ăąge, chaque maladie, chaque complexion. Il ne tarde guĂšre Ă classer plus ou moins consciemment les diffĂ©rents types dâagonies, Ă reconnaĂźtre les cris, les gestes, les priĂšres dont elles sâaccompagnent. LâhĂŽpital est lĂ pour ça pour banaliser lâunique, pour ramener autant que possible Ă une mĂ©canique ce qui, vĂ©cu subjectivement par chaque patient, ne ressemble Ă rien et ne rappelle rien. La solitude du malade est rationalisĂ©e, sa singularitĂ© multipliĂ©e. SingularitĂ© et solitude lui sont pleinement abandonnĂ©es par lâorganigramme qui le prend en charge; câest son affaire Ă lui, on ne sâen occupe pas, sinon pour les lui rendre autant que possible supportables. Le mĂ©decin en revanche les survole par sa technique. Comment pourrait-il faire son travail sâil nâen Ă©tait pas ainsi, sâil ne savait pas rĂ©duire Ă un concept la douleur dâautrui ? Mais parce quâil est attentif Ă toute manifestation objective de lâexpĂ©rience vĂ©cue par son patient et que cette expĂ©rience est chaque fois unique, le mĂ©decin dispose, pour peu quâil en ait la curiositĂ©, dâun matĂ©riel si lâon peut dire dâobservation auquel aucun autre nâest comparable entre ses mains et livrĂ© Ă la sagacitĂ© de son esprit, ce nâest pas seulement de la Joconde quâil dispose, mais du chef-dâĆuvre sans Ă©gal dans la nature, du produit de quatre milliards dâannĂ©es de mĂ©ditation cosmique, de lâobjet le plus complexe et le plus perfectionnĂ© de lâunivers connu, de lâhomme pour tout dire, et dans son Ă©tat effervescent, activĂ© par la douleur. Si M. Kossyguine ne juge pas indigne de son attention tant sollicitĂ©e par dâautres soucis de mĂ©diter six minutes devant un pan de tissu recouvert, il y a cinq siĂšcles, dâune croĂ»te colorĂ©e, câest quâil sait que ces six minutes ne seront pas perdues et quâelles feront naĂźtre en lui des idĂ©es nouvelles. Si la rĂ©putation de la Joconde ne lui donnait pas cette certitude, ou du moins cet espoir, il ne se dĂ©placerait pas pour elle. Au gĂ©nie de Vinci, M. Kossyguine fait crĂ©dit dâune ampleur supĂ©rieure Ă la sienne dans le domaine de ce qui peut sâexprimer avec un pinceau et des couleurs. Il ne sait pas dâavance ce que lui rĂ©vĂ©lera la Joconde. Il sâattend Ă ĂȘtre surpris. Pour croire que lâon puisse ĂȘtre surpris par la Joconde et non par son modĂšle, ne faut-il pas souffrir dâune certaine infirmitĂ© mentale? Vinci nâĂ©tait pas satisfait de son chef-dâĆuvre. La preuve, câest quâil a reprĂ©sentĂ© plusieurs autres fois son modĂšle sans penser, je prĂ©sume, quâil se rĂ©pĂ©tait ; le visage de Mona Lisa nâĂ©tait donc selon lui nullement Ă©puisĂ© par les quatre annĂ©es de labeur que le tableau nous offre en un coup dâĆil. Et Vinci limitait sa recherche Ă un visage. QuâeĂ»t-ce Ă©tĂ© si, par un autre artifice, il avait pu saisir dans son entier lâĂȘtre de Mona? Eh bien, câest cet ĂȘtre-lĂ que la maladie livre au mĂ©decin et je dirai surtout au chirurgien dont le scalpel tranche dans le mystĂšre mĂȘme du vivant et du souffrant. Que lâon discute ce mot de mystĂšre » dans les phĂ©nomĂšnes de physique inanimĂ©e, je veux bien, encore que le vivant repose dĂ©jĂ dans lâinanimĂ© et que ma propre virtualitĂ© ait Ă©tĂ© dĂ©jĂ prĂ©sente dans la poussiĂšre sidĂ©rale dâoĂč naquit la Terre avec tout ce quâelle porte, y compris la pensĂ©e humaine. Mais quâon en refuse a priori la possibilitĂ© dans notre corps dâoĂč tout nous vient, nâest-ce pas folie? Nous ignorons jusquâau mĂ©canisme de la sensation la plus brute. Nous suivons bien, par exemple, lâinflux nerveux rĂ©sultant de lâexcitation de la rĂ©tine le long du nerf optique, Ă travers le chiasma, les bandelettes optiques jusquâau corps genouillĂ© externe, au tubercule quadrijumeau antĂ©rieur, et jusquâĂ lâĂ©corce cĂ©rĂ©brale dans la rĂ©gion du lobe occipital, mais comme le remarque Grasset, seule la nĂ©cessitĂ© dâentrer dans le mĂȘme orbite rapproche dans le mĂȘme trou optique les fibres des deux nerfs hĂ©mioptiques », si bien que le nerf optique nâexiste pas comme unitĂ© physiologique et clinique Rimbaud. Il nây a pas, comme on pourrait sây attendre, de centre cortical pour le nerf optique droit et pour le nerf optique gauche. Tout ce que nous arrivons Ă faire dans ce fouillis de neurones et de cylindraxes â et cela, il est vrai que les physiologistes le font admirablement â câest dĂ©celer des cheminements de signaux. Mais dans nos mĂ©canismes artificiels par exemple en tĂ©lĂ©communication, un signal suppose quelquâun ou quelque chose pour le recevoir. Dans le cerveau, tout ce quâon voit, ce sont des signaux qui se dĂ©placent et se transforment en dĂ©clenchant dâautres signaux, ou bien qui disparaissent sans laisser de traces apparentes. A quel moment et oĂč se forme la reprĂ©sentation de lâobjet extĂ©rieur qui excite la rĂ©tine et provoque ce remue-mĂ©nage ? Non seulement on nâen sait rigoureusement rien, mais les physiologistes dĂ©clarent volontiers que câest lĂ une question de nature philosophique et par consĂ©quent dĂ©nuĂ©e de signification scientifique. Il ne faut pas sâen laisser imposer par cette fin de non-recevoir. Les savants comme les autres hommes prĂ©fĂšrent affirmer quâune question nâa pas de sens tant quâils nâen ont pas trouvĂ© la rĂ©ponse. Le mĂ©decin, le praticien, est sur ce point prĂ©cis plus objectif que lâhomme de science, tenu quâil est de respecter la rĂ©alitĂ© mĂȘme incomprĂ©hensible plutĂŽt que le systĂšme logique oĂč sâorganisent ses connaissances. Le chercheur a parfois le devoir de nĂ©gliger certains faits dont lâĂ©lucidation ferait obstacle Ă son progrĂšs par hygiĂšne mentale, il lui est alors plus commode de dĂ©clarer que ces faits nâexistent pas. Dame! sâils existaient, ce serait irritant et lâon rĂ©flĂ©chit mal quand on se gratte. Câest du moins lâopinion gĂ©nĂ©rale, car dâautres, dont je suis, prĂ©fĂšrent se gratter. Et quant au mĂ©decin, sâil est un vrai thĂ©rapeute, peut-il feindre dâignorer le mystĂšre quand câest le corps de son patient et parfois le mal mĂȘme quâil soigne qui lâenfante sous ses yeux? Tous les mĂ©decins ont des histoires incroyables Ă raconter. Beaucoup pensent obscurĂ©ment quâils ne pourraient leur faire une place sans compromettre lâĂ©difice de la mĂ©decine, sinon mĂȘme celui de la raison. Un certain nombre font plutĂŽt comme le docteur CuĂ©not ils sâengagent avec mille prĂ©cautions mais sans crainte de lâinconnu dans le labyrinthe ouvert devant leur curiositĂ© professionnelle par un type de faits impossibles Ă intĂ©grer dans le SystĂšme. Et ceux-lĂ ne tardent pas a reconnaĂźtre que le problĂšme nâest pas de trouver le moyen de les intĂ©grer, mais bien de se forger un nouvel outil de connaissance pour relayer lâoutil classique et accĂ©der Ă des certitudes tout aussi assurĂ©es que celles de la science quoique obtenues par des voies diffĂ©rentes. Quand, en 1965, jâeus publiĂ© le MystĂšre des rĂȘves en collaboration avec les docteurs Moufang et Stevens, je reçus de nombreuses lettres de mĂ©decins et de malades » Ă propos des pages consacrĂ©es aux Ă©tats de veille mentale dans le corps endormi. JâĂ©cris le mot malades » entre guillemets, car jâavançais dans mon livre lâopinion fondĂ©e sur de nombreuses observations que lâĂ©veil de la pensĂ©e au fond du rĂȘve dans un corps profondĂ©ment endormi Ă©tait un phĂ©nomĂšne sortant des normes assurĂ©ment, mais nullement pathologique. â Comment! mâĂ©crivait une malade, serait-il possible que ces expĂ©riences qui mâangoissent tant et pour lesquelles on me soigne vainement Ă force de drogues ne fussent point pathologiques? Alors, je ne serais pas malade? La correspondance que nous Ă©changeĂąmes Ă la suite de cette lettre est trĂšs instructive. DâaprĂšs les drogues que lui donnait son mĂ©decin, je compris quâil sâefforçait de guĂ©rir » ce quâil tenait pour une nĂ©vrose. Je demandai Ă la patiente de mâexpliquer bien en dĂ©tail ce quâelle avait dit Ă son mĂ©decin. â Oh, me rĂ©pondit-elle, ce nâest pas compliquĂ©, je lui ai dit que je mâĂ©veillais pendant mon sommeil sans que mon corps, lui sâĂ©veille, que ma pensĂ©e seule sâĂ©veillait et quâalors je sortais de mon corps. Il mâa expliquĂ© que lâexpression sortir de son corps » ne correspondait Ă rien de rĂ©el, que je faisais simplement un cauchemar, que je croyais, en rĂȘve, sortir de mon corps, comme parfois on rĂȘve que lâon vole ou que lâon est reçu Ă la table de la reine dâAngleterre; jâai contestĂ© cette explication, disant que jâĂ©tais parfaitement lucide pendant ma sortie du corps », quâil ne sâagissait donc ni de rĂȘve ni de cauchemar. » â Alors, mâa-t-il dit, pourquoi venez-vous me voir? » â Parce que lâexpĂ©rience, agrĂ©able au dĂ©but sâachĂšve de façon terrifiante quand, essayant vainement de rĂ©intĂ©grer mon corps, je me mets Ă craindre que lâon ensevelisse ce corps inerte et qui refuse de revenir Ă la vie. » â Vous voyez bien quâil sâagit dâun cauchemar! » â Sâil sâagissait dâun cauchemar, comment finirait-il immanquablement? par lâĂ©veil en sursaut avec les symptĂŽmes connus du cĆur qui bat, de la respiration haletante⊠ce qui nâest pas le cas; mĂȘme me disant avec Ă©pouvante que je rĂȘve, je ne mâĂ©veille pas et quand je rĂ©intĂšgre mon corps, câest pour me retrouver rĂȘvant, et dâun rĂȘve sans rapport avec lâexpĂ©rience prĂ©cĂ©dente, tout Ă fait ordinaire, quelconque, un rĂȘve qui nâest mĂȘme pas un cauchemar. Inversement, lâexpĂ©rience de sortie du corps » commence, elle aussi, par une sorte de dĂ©clic mental en plein rĂȘve. A un moment je rĂȘve et tout Ă coup, hop! je ne rĂȘve plus, je suis Ă©veillĂ©e, pleinement Ă©veillĂ©e et flottant au-dessus de mon corps endormi. Du reste, ai-je dit Ă mon mĂ©decin, peu importe de quoi il sâagit vraiment je vous ai racontĂ© ce que jâĂ©prouve et je ne veux plus endurer cela. Sortie du corps ou cauchemar, tout ce que je demande câest dâen ĂȘtre dĂ©barrassĂ©e. » Tel fut le rĂ©cit de cette dame. NâĂ©tant pas mĂ©decin, je la laissai suivre son traitement, me bornant Ă lui faire subir quelques tests qui, comme je le prĂ©voyais, mâapprirent que la prĂ©tendue malade souffrait » tout simplement de remarquables facultĂ©s paranormales. Elle aurait pu avec un peu dâentraĂźnement faire un excellent calculateur prodige. Elle aurait pu aussi devenir ce quâon appelle maladroitement un mĂ©dium, câest-Ă -dire un ĂȘtre humain sujet Ă des Ă©tats de conscience autres que ceux de la veille, du sommeil et du rĂȘve et accĂ©dant par lĂ Ă certains pouvoirs. Je prĂ©sume que son mĂ©decin lâa prĂ©servĂ©e de tous ces pĂ©rils en la guĂ©rissant comme on guĂ©rit un oiseau du vertige en lui coupant les ailes; on guĂ©rirait aussi lâathlĂšte qui court trop vite en lui cassant un peu les jambes. Pourquoi ne casse-t-on pas les jambes des athlĂštes? On se rappelle la rĂ©flexion de ce neurologue russe, venu, du temps de Staline, Ă un congrĂšs oĂč un savant occidental avait Ă©voquĂ© le cas de ThĂ©rĂšse Neumann, la fameuse mystique allemande qui vivait depuis trente ans sans prendre de nourriture Dans mon pays, on aurait guĂ©ri depuis longtemps cette malheureuse. » Sans doute! mais sâil est avĂ©rĂ© quâune malheureuse » privĂ©e de nourriture depuis trente ans se porte comme le Pont-Neuf et enterre lâun aprĂšs lâautre ses mĂ©decins, vaut-il mieux la guĂ©rir au plus tĂŽt de cette horrible infirmitĂ© ou bien Ă©tudier un peu la façon dont elle sây prend? Les mĂ©decins soviĂ©tiques, remarquons-le, ont fait bien des progrĂšs depuis, eux qui ne craignent pas de compromettre leurs instituts acadĂ©miques dans lâĂ©tude de la suggestion tĂ©lĂ©pathique et de la vision dactyloptique. Nous nâen sommes pas encore lĂ en France, et câest pourquoi il faut saluer avec respect le courage dâhommes comme le docteur CuĂ©not. On verra dâailleurs en lisant son livre que sur le plan philosophique la rĂ©flexion du docteur CuĂ©not va beaucoup plus loin que la prise en considĂ©ration de certains faits de mauvaise rĂ©putation. Jamais encore on nâavait si clairement montrĂ© que si ces faits sont exclus, balayĂ©s, effacĂ©s de la conscience psychologique de notre siĂšcle, ce nâest nullement en raison de leur raretĂ© ni de la difficultĂ© de les observer, mais bien parce que nos mĂ©canismes mentaux, fruits apparents dâune mĂ©thode qui a fait ses preuves et qui donc sâimpose Ă notre respect, la mĂ©thode scientifique ne leur mĂ©nagent aucune place dans notre pensĂ©e. Loin dâĂȘtre rares, loin de se refuser Ă lâobservation, les phĂ©nomĂšnes quâĂ©tudient les parapsychologues apparaissent en toute clartĂ© si on leur accorde quelque attention il suffit par exemple dâenregistrer ses rĂȘves un mois dâaffilĂ©e pour que lâeffet Dunne se manifeste de façon convaincante. Seulement ces faits si faciles Ă mettre en Ă©vidence par la mĂ©thode scientifique nâont aucune place dans le systĂšme philosophique implicitement rĂ©pandu dans la psychologie contemporaine. Le livre du docteur CuĂ©not consacre lâinĂ©vitable et depuis toujours prĂ©visible entrĂ©e de la rĂ©flexion scientifique dans ce que lâon appelle lâirrationnel. Certaines choses, croyait-on, Ă©taient impossibles, absurdes, contraires Ă la raison. Eh bien, dit le docteur CuĂ©not, soyez seulement fidĂšles Ă la mĂ©thode scientifique, câest-Ă -dire Ă lâobservation objective, et vous verrez de vos yeux ces choses impossibles. Mais alors comment expliquer que notre Ă©poque pĂ©trie de science et de technique soit si rebelle aux certitudes irrationnelles »? En dâautres termes dâoĂč notre temps tient-il cette philosophie oblitĂ©rante que, par un comble dâabsurditĂ©, il va jusquâĂ identifier avec la Science elle-mĂȘme? il y a lĂ , on doit lâavouer, quelque chose de confondant. Le mĂȘme Einstein qui, dans un raisonnement cĂ©lĂšbre le Paradoxe dâEinstein, montrait que lâon peut dĂ©duire des lois les mieux assurĂ©es de la physique quantique la possibilitĂ© pour une particule de se trouver simultanĂ©ment en deux points diffĂ©rents de lâespace ou encore de se trouver et de ne pas se trouver, Ă la fois et sous le mĂȘme rapport, en un mĂȘme point donnĂ©, ce mĂȘme Einstein dĂ©clarait Ă un physicien de mes amis qui Ă©tait son voisin Ă Princeton La parapsychologie est impossible, câest une insulte Ă la raison et les phĂ©nomĂšnes quâelle prĂ©tend Ă©tudier ne peuvent pas exister. » Einstein ne sâĂ©tait jamais demandĂ© si la pensĂ©e peut exister, si la conscience dâĂȘtre peut exister. Notre Ă©poque se retrouve Ă lâĂ©gard des faits dont parle le docteur CuĂ©not exactement dans la mĂȘme situation psychologique que les savants dâil y a trois siĂšcles ont connue Ă lâĂ©gard de la physique celle de GalilĂ©e, Pascal et Newton. Quand le pĂšre Kircher, ayant pointĂ© une lunette Ă objectif fumĂ© vers le soleil, dĂ©couvrit que lâastre divinisĂ© ouvertement par tant de religions et inconsciemment par tant de systĂšmes philosophiques Ă©tait en rĂ©alitĂ© largement maculĂ© de taches noires, un savant Ă©minent invitĂ© Ă jeter un coup dâĆil dans lâoculaire refusa en haussant les Ă©paules â Nettoyez votre instrument ou faites-vous soigner les yeux, dit-il dâun ton mĂ©prisant. Jâai lu attentivement tout Aristote et nây ai jamais rien vu de tel. Des taches sur le soleil, câest impossible. CâĂ©tait impossible dans le systĂšme de pensĂ©e tirĂ© de la science dâAristote et que les Ă©pigones de ce dernier identifiaient Ă la science tout court. Il serait temps de dĂ©couvrir que tous les systĂšmes de pensĂ©e sont en rĂ©alitĂ© des systĂšmes pour Ă©viter de penser. â Ah, mais pardon, rĂ©torque-t-on gĂ©nĂ©ralement Ă ces considĂ©rations, ce nâest pas du tout la mĂȘme chose. La physique moderne est fondĂ©e sur des principes dĂ©montrĂ©s par mille et mille expĂ©riences. Toutes les expĂ©riences et observations nouvelles viennent sâinsĂ©rer docilement dans le cadre dĂ©duit de ces principes, que vos prĂ©tendus faits viennent, eux, contredire. Quel accueil voulez-vous que nous leur fassions? Sâils contredisent des principes si bien prouvĂ©s, câest quâils nâexistent pas, câest quâils rĂ©sultent tout simplement dâobservations mal faites et dâexpĂ©riences boiteuses. On remarquera tout dâabord que lâinterlocuteur du pĂšre Kircher ne disait pas autre chose. Aristote et ses principes Ă©taient dĂ©montrĂ©s par tout ce quâon savait Ă lâĂ©poque, Ă lâexclusion bien entendu de quelques allĂ©gations suspectes telles que lâexistence prĂ©tendue de satellites autour de Jupiter, les taches du soleil, etc. Nous savons maintenant que ces quelques faits-lĂ Ă©taient dâune importance fondamentale. Nous le savons depuis quâon en a dĂ©duit un nouveau systĂšme du monde, une nouvelle cohĂ©rence bien confortable Ă lâesprit, apprise dĂšs lâenfance et qui explique tout. Mais au XVIIe siĂšcle, les satellites de Jupiter et les taches du soleil, cela nâavait aucune importance. CâĂ©taient pour les tenants dâAristote et de PtolĂ©mĂ©e de petits dĂ©tails sans portĂ©e, Ă supposer mĂȘme quâon les admette, ce qui nâĂ©tait pas nĂ©cessaire. De plus, les Diafoirus qui vont rĂ©pĂ©tant leur leçon apprise Ă lâĂ©cole sur lâadmirable cohĂ©rence de la science moderne sont des ignorants. Si lâon avait trouvĂ© une cohĂ©rence entre la thĂ©orie des quanta et celle de la relativitĂ©, cela se saurait, depuis le temps quâon la cherche. Si vous savez comment dĂ©duire ces deux thĂ©ories lâune de lâautre, ne vous gĂȘnez pas, ĂŽ mes maĂźtres. HĂątez-vous dâĂ©clairer notre lanterne. Depuis quâEinstein lui-mĂȘme sây est en vain Ă©chinĂ© sa vie durant nous avons failli attendre. Et le jury du Prix Nobel de physique nâest pas plus avancĂ© que nous, qui tient en rĂ©serve des tombereaux de rĂ©compenses pour le gĂ©nie capable dâopĂ©rer enfin la science de cette tumeur. Sur les relations existant entre les diverses interactions nuclĂ©aires, sommes-nous plus avancĂ©s? Nâest-il pas Ă©trange que ces problĂšmes, et surtout le premier qui est un problĂšme thĂ©orique fondamental, rĂ©sistent depuis si longtemps Ă la patience, Ă la sagacitĂ©, Ă lâimagination crĂ©atrice de tant dâesprits Ă©minents? Si, câest Ă©trange. Tout se passe comme si la solution nâexistait dans aucune des directions oĂč on lâa cherchĂ©e, encore quâon lâait cherchĂ©e dans toutes les directions. Câest pourquoi je me risque Ă Ă©mettre ce pronostic scandaleux on ne la trouvera quâen mettant en cause lâun de ces principes sacrĂ©s dĂ©montrĂ©s par toutes les observations faites Ă ce jour », Ă lâexception, bien entendu, des observations que lâon refuse de faire parce quâelles contrediraient le principe. En dâautres termes, je mâavance Ă prĂ©dire que le jour oĂč le physicien gĂ©nial attendu comme un messie par le jury Nobel parviendra Ă dĂ©duire les quanta de la relativitĂ© ou inversement, on dĂ©couvrira du mĂȘme coup que lâune ou lâautre de ces certitudes irrationnelles » actuellement rejetĂ©es avec mĂ©pris par les Diafoirus de lâĂdifice cohĂ©rent nâĂ©taient aprĂšs tout pas si irrationnelles que cela. Car enfin, si lâon ne trouve rien bien quâon ait cherchĂ© partout nâest-ce pas que ce partout-lĂ exclut quelques coins dâoĂč lâon dĂ©tourne les yeux avec horreur? Et puisque nous en sommes aux prophĂ©ties, soyons encore plus abominables. Parions que cette dĂ©couverte tant attendue permettra de faire avec des appareils, en laboratoire, ce que la jeune malade du docteur CuĂ©not faisait dans la clinique dâArcachon des poltergeists, des transports dâobjets sous contact, de lâantigravitation, horreur! Tope-lĂ ? Tope-lĂ , pari tenu. De toute façon, mĂȘme sâil se rĂ©vĂšle un jour que nous avons gagnĂ©, nâespĂ©rons pas trop que lâon tressera des fleurs au docteur CuĂ©not pour avoir eu le courage de regarder lĂ oĂč il ne fallait pas parce que des taches sur le soleil, câest impossible »; on dira que ce nâest pas la mĂȘme chose ». Il y a quelques annĂ©es, le professeur Rocard publiait un livre Yves Rocard, le Signal du sourcier, Dunod. Ăditeur dans lequel, Ă©purant enfin le signal du sourcier de toute magie, il en donnait lâexplication par un effet classique dâĂ©lectromagnĂ©tisme et le reproduisait en laboratoire. Les Diafoirus de lâĂdifice cohĂ©rent clamĂšrent que ce livre Ă©tait un attentat Ă la raison et la reproduction du signal en laboratoire une expĂ©rience mal faite. Rocard refit lâexpĂ©rience en se conformant aux exigences prĂ©sentĂ©es et eut la satisfaction de constater quâainsi amĂ©liorĂ©e elle marchait Ă cent pour cent; il convia ses rĂ©futateurs Ă la refaire eux-mĂȘmes dans son laboratoire, baguette de coudrier en main. Ce dont ils se gardĂšrent comme du diable, bien entendu la prudence scientifique a de ces formes, parfois! Du point de vue expĂ©rimental, on en est donc toujours lĂ en 1967 refaite par Rocard, lâexpĂ©rience marche Ă cent pour cent. On nâen saura jamais plus. Est-ce Ă dire que ce rĂ©sultat est dĂ©sormais admis par ceux qui dâabord le rejetaient? Non. Ils continuent de le rejeter. Pourquoi ? Un Ă©minent physiologiste du CollĂšge de France et qui par consĂ©quent nâest pas M. Galifret mâen donna un jour la raison â LâexpĂ©rience de Rocard est sans doute irrĂ©prochable du point de vue physique Rocard est un grand physicien, tout le monde sait cela. Mais il y a le sujet de lâexpĂ©rience avec sa baguette de coudrier et cela ce nâest pas de la physique, câest de la physiologie. Or, les rĂ©sultats de Rocard sont impossibles du point de vue physiologique il nâexiste aucun sens qui dĂ©cĂšle les variations du gradient magnĂ©tique. â Ce nâest peut-ĂȘtre pas un sens »? Il sâagit peut-ĂȘtre dâun rĂ©flexe nerveux? dâun phĂ©nomĂšne trĂšs banal, mais jamais enregistrĂ© de cette façon? â Laissez la physiologie aux physiologistes, nous ne nous mĂȘlons pas de physique. On nâest donc pas prĂšs de savoir sâil y a des taches sur le soleil de la physiologie française. Si Rocard veut sâinstruire il nâa quâĂ relire son Aristote⊠Il est banal, en 1967, de constater que la science est organisĂ©e comme les souks de Tunis ou de Damas en une multitude de boutiques rangĂ©es, certes, cĂŽte Ă cĂŽte dans un mĂȘme labyrinthe mais dont chaque marchand se fait une gloire dâignorer ce qui se passe Ă cĂŽtĂ©. On a en tĂȘte le plan du labyrinthe ou lâon croit lâavoir et cela suffit. Que ce plan ait Ă©tĂ© dressĂ© voilĂ un siĂšcle par un illuminĂ© du nom dâAuguste Comte, quâil ait Ă©tĂ© mille fois remaniĂ© depuis, que des terroristes comme Planck, Heisenberg, Von Neumann ou Wiener lâaient farci de bombes et de chausse-trapes, peu importe, cela ne nous regarde pas; on sâen tient Ă la parole du ProphĂšte, et inchâAllah! Il existe un moyen infaillible de ne pas sây perdre, câest de ne jamais le visiter moi, je vends de la physiologie, ce qui se vend Ă cĂŽtĂ© ne me regarde pas; si mon mur se lĂ©zarde câest la faute Ă lâinfidĂšle quâil crĂšve, ce chien, et si mon voisin glisse la main dans la fente, je la coupe avec mon grand sabre. Touchez pas au grisbi, comme dit Francis Blanche. Fort bien. Mais le client lui, quelle recette lui conseillez-vous pour sâen sortir? Et le client, messieurs, il serait bon quâenfin vous en preniez conscience dans un siĂšcle de plus en plus dominĂ© par la science et la technique câest tout le monde. Ce nâest pas seulement le sous-dĂ©veloppĂ© mental Ă la recherche du dernier gadget, câest dâabord et surtout lâhomme de rĂ©flexion, lâintellectuel, le philosophe, lâhonnĂȘte homme dĂ©sireux de comprendre son aventure avant de mourir. Que nous laissions la physiologie aux physiologistes? En tant que recherche, parbleu, personne ne contestera cette rĂšgle. Mais vous nâĂȘtes pas que des chercheurs. Par vos dĂ©couvertes, vous ĂȘtes les ouvriers de notre destin quotidien. Nous ingurgitons vos drogues sur ordonnance des mĂ©decins que vous formez. Et encore cela nâest rien. Pour notre corps, nous vous faisons volontiers confiance. Mais pour notre esprit, permettez que nous discutions un peu. Quand Einstein, du haut de son gĂ©nie de physicien, vaticine que les phĂ©nomĂšnes Ă©tudiĂ©s par les parapsychologues nâexistent pas et ne peuvent pas exister, nous cherchons Ă la loupe quelle est son autoritĂ© en la matiĂšre et ne voyons rien. Il faut ĂȘtre logique si la rĂšgle est de laisser la physiologie aux physiologistes, souffrez que pour les questions ne relevant pas de votre compĂ©tence, nous cherchions nous-mĂȘmes notre chemin dans ce labyrinthe oĂč nous sommes tous, vous et nous, Ă©galement perdus, et qui a nom la Condition humaine. Il nâexiste pas encore de science de lâhomme total. Nous ne savons mĂȘme pas sâil existe un homme total. Entre toutes les hypothĂšses possibles sur notre avenir, la moins folle et la plus invraisemblable est que cet avenir est illimitĂ© et que nous nâavons quâĂ peine commencĂ© notre propre exploration. Les extraordinaires rĂ©ussites du gĂ©nie humain auxquelles nous assistons prĂ©sentement nous donnent de nous-mĂȘmes lâimage dâun enfant qui vient de dĂ©couvrir un fouet neuf. Et ce jouet, câest nous-mĂȘmes qui, en jouant avec nos petites cellules grises, dĂ©couvrons les clĂ©s de la puissance et du savoir; nous nous apprĂȘtons Ă conquĂ©rir la Lune; nous transformons notre planĂšte. Que nous ayons tirĂ© tout cela de nous-mĂȘmes ne prouve-t-il pas que nous sommes nous-mĂȘmes encore Ă dĂ©couvrir? LĂ©onard nâen aura jamais fini de scruter le sourire de Mona Lisa. LâhumanitĂ© est une Ă©ternelle Joconde; et nous devrons toujours, pour accĂ©der aux certitudes nouvelles, accorder aux meilleurs dâentre nous la libertĂ© de prĂ©parer notre voie dans le crĂ©puscule du matin. AimĂ© Michel
aimer c est du désordre alors aimons